jeudi 27 décembre 2012

Interview de Yodin

Aujourd'hui est un jour spécial pour moi. En effet outre le fait que le jeu de l'interview va porter son regard sur Yodin, il s'agit avant tout d'un ami et Saint Seiya et le diorama nous a permis de nous rencontrer.

C'est donc avec une émotion particulière que je vous livre l'interview (riche) de Yodin.


1- Peux-tu te présenter stp pour nos téléspectateurs ?

Je m'appelle Lionel - surnom yodin sur les forums Saint Seiya - , j'ai 37 ans, fan de figurines Myth Clothes et je suis actuellement à la recherche d'emploi. Voilà ce qu'il en est de moi concernant mon activité sur le web. Hormis cela j'ai une formation de deux ans en Arts plastiques. Avant cela je dessinais depuis de nombreuses années (je suis arrivé en école d'Art à dix-neuf ans, mais je tenais les crayons depuis l'âge de cinq ans), tout d'abord de la bande dessinée en amateur, avant de m'orienter sur l'illustration qui était plus conforme à l'habitude que j'ai toujours eue de détailler, et de me concentrer sur une scène-clef. J'ai toujours adoré les univers fantastiques, oniriques ou à caractère mythologique, comme en témoigne cette illustration réalisée à l'âge de 25 ans, et qui met en scène les personnages d'une nouvelle écrite au même âge (et qui finira certainement elle aussi en diorama).


2- Qu’est-ce qui t’as poussé à te mettre au décor ?

Hormis le fait que voir des décors sur les forums avait de longue date titillé mon sens esthétique, c'est en fin de compte la rencontre avec plusieurs membres des forums (bebopnoun, Icereef, Lahaarl, Poilos, Voras etc ...) qui m'a décidé à me mettre au diorama, et grand bien leur a pris de me pousser à sortir de l'exposition sur papier venilia. C'est certes joli, mais comme me l'a de nombreuses fois fait remarquer l'auteur de ce blog, il est désormais bien loin, ce temps-là (rires). Les figurines mises en scène, les Myth Clothes, sont un peu du pain béni pour qui aime jouer avec les mises en espace et les mises en scène. Partant de ce postulat, et sachant que j'avais déjà l'habitude de faire évoluer des personnages dans un espace (fut-cet espace en 2D), il n'y avait qu'un pas à faire pour entrer dans le domaine de la 3D et des textures qui vont avec. Qui plus est, esthétiquement parlant une figurine dans un décor est tout de suite transformée, et devient autre chose qu'un objet certes beau, mais sans autre intérêt que celui d'être vu. Disons que prendre une MC comme matière première, un des éléments d'un tout, m'a de suite parlé lorsque j'ai eu l'occasion de voir de mes yeux (lors de la Japan Expo 2010 ou lors de visites chez l'ami Icereef) ce que des morceaux de polystyrène savamment traité pouvaient apporter à ce qui est au départ une pièce faite en série. Sans parler d'un diorama Asgard offert par Icereef, justement, et qui avait déjà éveillé mon intérêt.



3- Quel est le ou les thèmes que tu abordes dans tes créations ? 

Je suis fan des oeuvres d'auteurs comme Dan Simmons, Marion Zimmer Bradley ou Anne Mac caffrey, sans oublier certaines séries fabuleuses comme Battlestar galactica ou Rome. Il m'arrive d'ailleurs de m'inspirer de cette dernière pour mes dioramas. Mais avec une série aussi géniale que Saint Seiya (puisque c'est elle qui a mobilisé mon activité de décorateur jusqu'à présent), la mythologie est bien évidemment à l'ordre du jour, ce qui est loin de me déplaire vu que, depuis l'enfance, je me suis toujours intéressé aux légendes et autres contes qui viennent des origines de l'humanité. Mettre en scène des guerriers rattachés aux mythes germano-scandinaves ou Grecs était donc, pour moi, la suite logique des événements. C'est d'ailleurs pour cela que j'essaie d'inclure à mes dioramas de nombreuses références: la statue d'Athena dans le temple des Golds, la voûte peinte avec les chevaux de Poséidon du Marinaland, ou bien de façon encore plus effective les loups et corbeaux d'Odin dans mon dernier diorama terminé en date, le Hildagard. Si je devais résumer ma démarche je dirais ceci: actualiser les mythologies au moyen de figurines qui s'en inspirent, en essayant de produire la chose la plus belle et la plus harmonieuse possible, quitte pour cela à s'éloigner de la stricte représentation de l'anime. Pour moi la série est un merveilleux support, qui mérite le respect: le respect étant ici d'exprimer ce que cette oeuvre colossale qu'est Saint Seiya a pu toucher en moi, et au passage rebondir sur ce qui l'a elle-même générée... Une sorte de boucle, en somme. Et puis disons-le tout net: un acte créatif est avant tout, pour moi, un geste sacré. Un bonhomme qui, chez lui, réalise des choses qui vont peut-être générer de la rêverie chez autrui, c'est un peu la cerise sur le gâteau. Ce ne peut pas être un leitmotiv, autrement l'on peut se retrouver loin de ses aspirations, mais c'est aussi un des beaux aspects de ce genre d'activité.





4- Comment nait un projet de décor chez toi ?

Généralement c'est lié à une impression, une intuition, et cela débouche invariablement sur une vision fulgurante du diorama à venir. Certaines choses, qui doivent tout autant venir de l'inconscient collectif que du mien, passent dans mon esprit et s'y fixent, comme si elles demandaient à être portées à la matière. C'est la cas de tout ce que j'ai réalisé jusqu'à aujourd'hui, y compris en dessin ou en écriture - voire en musique. Pour le Marinaland, par exemple, ce sont les arches romaines qui m'ont indiqué ce que devait générer le décor: une impression impériale et esthétique, nuancée par certains éléments directement issus de la renaissance - ici la voûte peinte. Au bout d'un moment, je me mets presque à la place des personnages qui vont être accueillis par le diorama: que ressent un général de Poséidon lorsqu'il évolue dans le sanctuaire sacré? Quelle est l'attitude d'un God Warrior mort au combat qui regarde la prêtresse du royaume honorer sa mémoire? Ce genre de questionnement enclenche toute une mise en scène mentale, qui entraîne l'oeil autant qu'elle génère de l'enthousiasme - le véritable fer de lance de tout acte créatif. Une chose est en tout cas chronique: dès que le futur diorama est "vu", tout un processus de construction s'enchaîne. Pour ce faire, contraintes d'espace oblige, le carnet de croquis est le premier véritable outil de travail. Je teste graphiquement afin de garder le fil directeur tout en limitant le nombre de mauvaises surprises en cours de route (du genre "cet élément ne peut pas être ajouté car plus de place"). En d'autres termes je conceptualise beaucoup, et procède à de nombreux tests (figurines et carnet de croquis en main) afin d'optimiser les angles de vues, les échelles, le mouvement de chaque volume (par exemple comme dans le Hildagard, où tous les éléments devaient converger vers Odin). Dans le même ordre d'idées je fais attention à ce que mes structures bâties respectent au mieux (et dans la mesure du possible) des alignements cohérents: c'est par exemple le cas dans le SPQR (en cours) au sein duquel tout s'articule autour du multiple de 3; briques de 3 x 6, tronçons de colonnes de 6, porte de 24 etc... Par ailleurs, j'aime varier les textures représentées: mettre du marbre sur le Marble place, du bronze pour les portes ou de la statuaire en haut de colonnes... Pour ce faire tout est bon: polystyrène, medium, milliput, balsa, plâtre, enduits, résines etc. Il va sans dire que de nombreuses recherches jalonnent ce travail: cela peut occuper des soirées entières, et mener loin dans la découverte.

L'idée vient aussi de ce que je vois: un monument, un panorama, une forêt... Quel que soit le thème il y a toujours de quoi être inspiré, mais dans tous les cas il y un ressenti à la base, un peu comme si un lieu me disait "Inspire-toi de moi" (rires)



5- Comment procèdes-tu dans ta façon de travailler ?

Une fois le croquis et les plans bien établis, je procède à la découpe de la base et teste une première mise en place des figurines, que je reporte au feutre sur le polystyrène. Cela me permet de garder sous les yeux le plan de départ, tout en commençant à monter murs ou rochers. Lorsque l'ensemble est structuré je joints tout à l'enduit, de façon à rendre la réalisation homogène. Selon les textures souhaitées j'anticipe ou au contraire attends d'avoir structuré tout le décor avant de texturer. Ceci étant dit chaque avancée majeure a droit à son lot de photos, qui vise tout autant à présenter le WIP du diorama en cours qu'à contrôler ce qui, de près et à l'oeil nu, aurait pu m'échapper. En ce sens, l'appareil photo (ou le portable) sont des outils à part entière, et de fidèles compagnons de travail, au même titre que le cutter, la Proxxon, le crayon ou le pinceau etc...  L'autre avantage qu'il y a à tout shooter en cours de route, c'est qu'il me faut photographier sous plusieurs angles. Ce faisant, c'est toute la partie ludique et immersive qui n'est pas mise de côté, mais au contraire présente tout au long du processus de réalisation. Une chose est en tout cas certaine: lorsque j'attaque un diorama j'ai un cahier des charges auquel je me conforme à la lettre, car je me refuse à voir une quelconque difficulté technique dans ce que j'entreprends, ceci pour la bonne et simple raison que, pour moi, passer sur un élément que j'ai rarement ou jamais réalisé (les sculptures demandent toujours une attention particulière, par exemple) serait comme désavouer mon intention de départ - et ça ça m'est intolérable. Je pars du principe (intérieurement c'est une loi, en fait) que ce qui a été vu par mon esprit peut être réalisé par mes mains. Au-delà de l'aspect évolutif de ce qui n'est pas une méthode mais une façon d'être, chaque décor devient une aventure plus qu'un travail, même si ce dernier est très important. Cela n'empêche pas de mettre de côté quelque chose pour lequel la maturité et la technique ne sont pas encore là, mais l'idée reste présente, dans un tiroir, et sera ressortie quoiqu'il arrive. En fin de compte je n'ai pas réellement de technique, ou alors j'aurais bien du mal à la formuler en méthode: pour moi l'intention appelle le geste, ou dit autrement la technique découle de l'envie. Partir de rien et découvrir - toujours avec le plus de justesse possible - voilà ce qu'est pour moi l'acte créatif.



6- Quels sont tes prochains projets ?

Finir le SPQR, et revenir sur la salle des marbres des Pandora Boxes: eu égard à ce que j'ai répondu précédemment, cette salle nécessite la présence d'éléments de l'ordre Corinthien, aussi beau que complexe à traiter. Les évolutions du SPQR m'ont permis de visualiser une méthode de réalisation qui servira ce futur projet, mis en attente jusqu'à ce que la technique soit au point. C'est désormais le cas, surtout que depuis le Marinaland j'ai décidé de réaliser toute la statuaire de mes dioramas. Pour moi c'est une évolution logique, ludique et fort utile, car elle ne me limite plus: si je veux une statue d'Athena pour la mettre dans le fronton d'un temple je peux désormais la réaliser. Par ailleurs, et comme dit en introduction, j'ai également l'intention de m'atteler à la réalisation de dioramas inspirés de mes dessins (personnages compris), mais c'est un projet qui arrivera plus tard. 


7- Un conseil pour ceux qui veulent se lancer ?

Ne cherchez ni l'originalité ni l'innovation, mais ayez une intention ferme et respectez-la, toujours en vous amusant mais en restant sérieux, car l'acte créatif est un jeu sacré. Porter à la matière ce qui prend vie dans votre esprit est très important, mais plus essentiel est ceci: l'intention. Et l'intention ce n'est pas chercher à plaire mais aimer ce que l'on fait, et tout mettre en œuvre afin de le réaliser. Si l'intention est droite, claire et nette, elle permettra de surmonter tous les obstacles qui, de la conception à la touche finale, ne manqueront pas de se présenter. Mettez du coeur à l'ouvrage, ne comptez ni le temps ni l'investissement, n'ayez pas peur des difficultés: gardez simplement à l'esprit votre intention de départ, c'est tout. 


8- Le mot de la fin

Il ne sert à rien de chercher à convaincre: sois convaincu et fais.  



Un grand merci à Yodin de s'être prêté au jeu mais rassurez-vous, en vrai il parle autant ^^. Vous pouvez suivre l'ensemble de son travail sur son blog

1 commentaire:

  1. interview trés interessante de Yodin, qui pour moi est l'un des maitre en la matiére, je ne me lasse pas de voir ces créations, à chaque fois que je regardes tous ces décors, je me prends une grosse claque, encore bravo Yodin et continue à nous faire rêver et baver :)

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